Arts et sciences au service de l’innovation avec l’artiste Eric Michel

Artiste de la lumière, Eric Michel anime depuis cette année un programme « Arts et Sciences » à l’Institut d’Optique Graduate School (IOGS). Scientifique de formation, il a notamment réalisé Les Moulins de Lumière pour le site des Grands Moulins à Pantin, ou encore Le Passage de Lumière au Musée d’art moderne et d’art contemporain de Nice. Eric Michel expose ses œuvres aux quatre coins du monde.

Comment est né le projet « Arts et Sciences » à l’Institut d’Optique Graduate School ?

Eric Michel : « Mon travail d’artiste porte essentiellement sur la lumière. Les rapprochements avec l’optique et la photonique sont assez naturels. Les contacts avec l’Institut d’Optique Graduate School étaient déjà établis, l’Année internationale de la lumière a été le catalyseur pour concrétiser nos échanges.

Qu’est-ce que votre regard d’artiste peut apporter à des ingénieurs en optique-photonique ?

E.M. : Dans les processus de création et d’innovation, il est important de ne pas avoir d’idées préconçues. Pour répondre aux challenges de demain, nous estimons qu’il est important de développer une forme de transversalité entre les disciplines. Il s’agit aussi de réinsuffler une forme d’utopie au service de la créativité. Les innovations technologiques correspondent rarement à l’idée de départ de ceux qui les portent. Le créateur se nourrit d’expériences et d’échanges qui le font évoluer dans son travail. L’approche artistique peut participer de cette réflexion.

Concrètement, quelle forme prend le programme à ce jour ?

E.M. : Pour démarrer, il a été décidé de proposer un projet de substitution au module Matlab pour les élèves de 1ère année. Un appel à projets a été lancé auprès d’eux. Quatre élèves ont été retenus pour travailler sur deux projets. Le programme « Arts et Sciences » vient de démarrer. Il est amené à évoluer et à concerner davantage d’étudiants, de la 1ère à la 3e année, y compris ceux qui suivent la Filière Innovation-Entrepreneurs (FIE).

Sur quoi portent les premiers travaux ?

E.M. : Le premier projet concerne l’utilisation d’un grand panneau qui est installé à l’IOGS.      Les élèves travaillent à l’intégration de bandeaux Leds pour restituer un spectrographe. Celui-ci pourrait être soit télécommandé, soit interactif au passage des personnes à proximité. Après quatre jours de travail, un premier prototype a déjà été réalisé.

3 Eric Michel Bandeaux-LED-proto 3 Eric Michel Bandeaux-LED-detail 3 Eric Michel Bandeaux-avec-diffusant

Le second projet se rapproche plus de mon travail d’artiste. J’ai l’habitude d’intégrer des tubes fluorescents dans mes installations monumentales et dans mes sculptures, notamment des tubes de lumière noire qui interagissent avec des matériaux fluorescents (plaques acryliques, peintures…). Les élèves explorent le potentiel de la fluorescence en utilisant une nouvelle technologie de Leds UV en substitution des tubes. Les premiers essais sont assez prometteurs sur le plan esthétique. Ces Leds UV sont développés par UWave, un projet d’entreprise conduit des élèves de 3e année de FIE. Ils utilisent les Leds UV pour le séchage industriel.

3 Eric Michel Colonne-Fluo 3 Eric Michel Porte-de-Lumiere-2 3 Eric Michel Monochrome-de-lumiere

Ces projets artistiques ont-ils vocation à être exposés ?

E.M. : Il est envisagé de les présenter en septembre au festival CURIOSITas de l’Université Paris-Saclay, également lors de la Fête de la science, en octobre. J’envisage aussi d’exposer nos travaux ce même mois à la foire d’art moderne et contemporain Art Elysées, dont je suis l’invité d’honneur cette année.

Quelle place occupe le 503 dans le projet « Arts et Sciences » ?

E.M. : Le 503 est un lieu de création. Il s’inscrit donc pleinement dans ce programme destiné à encourager les approches pluridisciplinaires de l’innovation. Sur le plan pratique, le Photonic FabLab constitue un bon outil pour réaliser des prototypes. Parmi les premiers élèves participant au projet, une élève effectue actuellement un stage au 503. Elle est chargée de référencer les pièces historiques présentes dans le bâtiment. Nous allons réfléchir à leur utilisation dans un prochain projet.

A terme, ce centre entrepreneurial pourrait être valorisé à travers l’installation d’œuvres issues du programme. Une réflexion sur son identité visuelle pourrait également être menée. Par exemple, des réalisations que l’on trouverait à la fois à l’IOGS à Palaiseau et au 503 à Orsay assurerait une forme de continuité lumineuse entre les deux sites ».

Propos recueillis par Olivier Fermé